Emmanuel Macron, candidat tardif pour les élections de 2022, est prêt à faire de nouvelles promesses aux Français. A-t-il déjà respecté les précédentes ?
11 promesses non respectées
1. Interdiction du glyphosate. E. Macron avait dit qu’il demanderait au « gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées » en mettant comme date butoir « au plus tard dans trois ans ». Au final, en 2019, il s’est rétracté en se rendant compte qu’une sortie totale du glyphosate en 2021 est impossible.
2. Plus d’hommes et de femmes dormant dans la rue. En 2017, l’actuel président français a déclaré que « la première bataille, c’est de loger tout le monde dignement. Je ne veux plus […] avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois ou perdus. » Un an plus tard, il soutient son propos. « Je veux que nous puissions apporter un toit à toutes celles et ceux qui sont aujourd’hui sans abri. » D’après la fondation Abbé Pierre, le nombre de personnes sans abri (comprenant les personnes vivant dehors et celles hébergées chez des proches) tournerait autour de 300 000 en 2020. Bien que des hébergements aient été ouverts pour les personnes vivant/dormant dans la rue, le « sans-abrisme » est loin d’être éradiqué en France.
3. L’assurance-chômage pour les démissionnaires. Il y a cinq ans, Emmanuel Macron disait dans son programme : « Nous ouvrirons les droits à l’assurance chômage aux salariés qui démissionnent. Ce droit ne sera utilisable qu’une fois tous les cinq ans. » Sur le papier, c’est entré en vigueur fin 2019, mais en pratique, c’est tellement strict qu’il n’y a que 17 236 personnes qui en ont bénéficié en deux ans.
4. La création d’un versement social unique. E. Macron promettait il y a cinq ans que « toutes les allocations sociales (APL, RSA…) seront versées le même jour du mois, un trimestre maximum après la constatation des revenus. » Le versement unique a été rebaptisé revenu universel d’activité (RUA) par l’exécutif, mais la réforme n’a jamais vu le jour. Elle entrerait dans le cadre d’une refonte des prestations sociales, qui fera partie du programme d’Emmanuel Macron s’il est réélu.
5. Interdiction pour un délinquant de fréquenter le quartier où il a commis des délits. Le chef d’État expliquait en 2017 : « Nous donnerons aux policiers et aux gendarmes un nouveau pouvoir : sous le contrôle du juge, ils pourront interdire à une personne délinquante de fréquenter le quartier où elle a commis ses délits. » Mais rien de cela n’a été voté depuis 2017.
6. La construction de 15’000 places de prison supplémentaires. Macron s’engageait : « Nous construirons 15 000 nouvelles places de prison. » En avril 2021, 2 000 places supplémentaires étaient opérationnelles, et 7 000 étaient en cours de construction, dont 3 000 qui doivent être livrées d’ici 2023. Emmanuel Macron semble avoir vite compris que ce n’était pas tenable. Dès 2018, il s’engageait sur la construction des 15 000 places non plus pour 2022, mais pour 2027.
7. Examiner les demandes d’asile en moins de six mois. Le représentant de la France avait dit en 2017 qu’ils « examinerons les demandes d’asile en moins de six mois, recours compris. » Bien qu’une loi visant à accélérer la procédure, d’après l’Ofpra, en 2021 la demande d’asile n’atteint que 8,6 mois, et non 6 mois.
8. Suppression du régime spécial de retraite des parlementaires. Dans le programme d’E. Macron, il y avait une précision disant que les députés et sénateurs « seront rattachés au régime général ». Une promesse qui n’est tenue qu’à moitié étant donné qu’il n’y a que la retraite des députés qui a été réformée, non celle des sénateurs. Ils touchent une pension de 3 856€. Après un seul mandat de six ans, ils touchent environ 2 000€ net.
9. Réduction d’un tiers du nombre de parlementaires. Il avait été dit « nous réduirons d’environ un tiers le nombre de députés et de sénateurs. Ils disposeront de moyens supplémentaires pour faire leur travail ». En 2019, il y a une réduction de 25% (non pas d’un tier) qui a été inscrite dans le projet de loi de réforme des Institutions, ce qui a été déposé à l’Assemblée, mais jamais discuté, et encore moins adopté.
10. Introduction d’une dose de proportionnelle aux élections législatives. Emmanuel Macron, durant sa campagne, s’était engagé à instaurer une dose de proportionnelle aux élections législatives. Les présidents du groupe parlementaire l’avaient annoncé début 2021 : le Parlement ne légiférera pas sur l’instauration de la proportionnelle aux élections législatives de 2022. Une proposition de loi du MoDem prévoyait 15% de proportionnelle, mais les discussions avaient été interrompues en 2018 par l’affaire Benalla puis l’organisation du grand débat national.
11. Mise en place d’un système universel de retraites. Le programme de E. Macron expliquait mettre « fin aux injustices de notre système de retraites. Un système universel avec des règles communes de calcul des pensions sera progressivement mis en place. Le fait de changer d’activité ou de secteur sera sans effet sur les droits à la retraite ». Cela commence à être se faire fin 2017, à cause de grèves et d’incohérences pointées par le Conseil d’Etat, un texte est voté en urgence, mais arrêté un mois plus tard. Suite à l’annonce du premier confinement, toutes les réformes ont été suspendues. E. Macron annonce vouloir reculer l’âge de départ à la retraite à 65 ans en cas de réélection.
8 promesses respectées
1. Exonérer 80% des Français de la taxe d’habitation. En 2017, Emmanuel Macron avait dit : « Nous exonérerons de la taxe d’habitation tous les Français des classes moyennes et populaires […] on paye souvent beaucoup plus quand on vit dans une commune populaire que dans une commune riche. Dès 2020, 4 Français sur 5 ne paieront plus la taxe d’habitation, et l’État remboursera entièrement auprès des communes leur manque à gagner, à l’euro près, en préservant leur autonomie fiscale. » Ce fut chose faite, dès 2018, la suppression de la taxe d’habitation a commencé de manière progressive, afin de concerner au fur et à mesure tous les propriétaires.
2. Ramener le taux de chômage à 7%. Emmanuel Macron avait détaillé « le retour à 7% du taux de chômage (soit la création de 1,3 million d’emploi, NDLR) ». Lors de l’élection de son élection, le chômage atteignait les 9,5%, il a donc mit en place plusieurs dispositifs tels qu’une modification importante du Code du travail, et une réforme de l’apprentissage et de l’assurance-chômage qui durcit les règles d’indemnisation. Une conjoncture qui est également favorable à la création d’emplois. D’après l’INSEE, les chiffres les plus récents montre que le taux de chômage a atteint 7,4% en 2021. C’est le taux le plus bas depuis 2008.
3. Moderniser le baccalauréat, avec du contrôle continu. E. Macron avait avancé qu’« au lycée, nous allons revoir la forme du baccalauréat […] afin de rendre possibles de nouvelles formes d’organisation du temps scolaire et de nouveaux parcours, qui prépareront mieux à la poursuite d’études et à l’insertion professionnelle ». Ceci a été lancé à la rentrée 2019 pour le baccalauréat 2021, mais à cause de la Covid-19, les sessions ont été annulées. Désormais, le contrôle continu représente 40% de la note du bac, et 60% sont pour les épreuves de fin d’années.
4. Limiter à 12 élèves les CP/CE1 en zone prioritaire. Macron annonçait : « Nous diviserons par deux les effectifs des classes de CP et de CE1 en REP et REP+, mesure la plus importante prise en faveur de l’éducation prioritaire depuis la création des ZEP en 1981. » C’est dès la rentrée 2017 que toutes les classes de CP qui correspondent aux écoles rencontrant des difficultés scolaires sont dédoublées. En septembre 2018, la mesure s’élargit aux autres classes de CP. C’est en 2019 que le dispositif est accentué afin de permettre à tous les élèves de CP et de CE1 d’accéder à cela. Depuis 2017, 10’800 classes de CP et CE1 en REP+ et REP ont été créées.
5. Ouvrir la PMA à toutes les femmes. Emmanuel Macron se disait « favorable à l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) pour les femmes seules et les couples de femmes ». L’ouverture de la PMA a été actée par une loi bioéthique, ceci avait déjà été promis par François Hollande en 2012, mais n’avait pas été concrétisé. Jusque là, ce n’était ouvert qu’aux couples hétérosexuels en cas d’infertilité ou afin d’éviter de transmettre une maladie grave.
6. Créer un pass culture de 500€ pour tous les jeunes de 18 ans. « Je souhaite que chaque jeune puisse accéder à la culture, quelle qu’elle soit », en s’engageant à instaurer un pass culture de 500€ pour tous les jeunes de 18 ans. Le dispositif a d’abord été fait avec 300€, puis s’est élargi aux adolescents, 20€ pour l’inscription à 15 ans, 30€ l’année de leurs 16 ans, et la même somme l’année des 17 ans.
7. Informatisation des démarches administratives. E. Macron déclarait que « d’ici 2022, 100% des démarches administratives pourront être effectuées depuis Internet – sauf première délivrance des documents d’identité officiels », cette promesse est partiellement tenue, en 2019, 250 démarches ont été identifiées comme les plus utilisées par les Français. En 2021, 212 de ces démarches ont été dématérialisées.
8. Recruter 10’000 policiers et gendarmes. Le président indiquait en 2017 qu’ils « recruterons 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires en 5 ans, sur la base de 7 500 policiers et 2 500 gendarmes. Ces effectifs nouveaux seront affectés en premier lieu dans les zones prioritaires », en 2021 dans un entretien il affirmait que cela serait tenu, et effectivement entre 2017 et 2022, 8 446 emplois de policiers et 2 083 emplois de gendarmes auront été créés, ce qui représente un total de 10 529 personnes.
Nouveau programme d’Emmanuel Macron
Défense : Porter le budget de la défense à 50 milliards d’euros en 2025, généraliser le service national universel, augmenter du nombre de réservistes, qui seront doublés. Mettre en place un plan de mobilisation civile « pour renforcer notre résilience », renforcement des stocks stratégiques de la Nation.
Agriculture et Industrie : Investir massivement pour l’indépendance agricole, avec une loi d’orientation sur l’agriculture sur cinq à dix ans, 30 milliards d’euros investis dans les secteurs industriels d’avenir.
Energie : Changer la formation des prix de l’énergie au niveau européen, réformer le système de fixation des prix européens de l’électricité, trop dépendants du gaz. Construction de six réacteurs nucléaires et mise à l’étude de huit nouveaux réacteurs nucléaires ; puissance solaire multipliée par 10 ; 50 parcs éoliens en mer d’ici à 2050. Reprendre le contrôle capitalistique de plusieurs acteurs industriels. Développer des mécanismes de « leasing » pour favoriser l’achat de véhicules électriques et de filières 100 % françaises sur l’éolien, le solaire, les batteries électriques.
Recherche et Enseignement : Renforcer l’indépendance de l’information et de la culture. Bâtir un « metavers » européen. Renforcer l’autonomie des universités et positionner les organismes de recherche sur les secteurs stratégiques. Réformer le lycée professionnel, « dont beaucoup trop de filières forment des gens qui ne correspondent pas aux besoins des entreprises ».
Travail : Poursuivre la réforme du marché du travail et la réforme de l’assurance-chômage, inciter au retour à l’emploi quand la conjoncture s’améliore, mieux protéger quand la conjoncture se dégrade. Transformer « Pôle emploi » en « France travail », gagner en efficacité pour aller vers le plein-emploi, qui est un objectif « atteignable ». Réformer le RSA pour un meilleur équilibre entre prestation et accompagnement (15 à 20 heures de travail demandé pour les bénéficiaires).
Retraite : Porter progressivement à 65 ans l’âge légal de départ à la retraite, prendre en compte les carrières longues et les questions d’invalidité, la réalité des métiers et des tâches.