Entre le monde amateur et le monde professionnel il n’y a parfois qu’un pas. Azzedine Meguellatti en est la preuve incarnée. Après avoir commencé à entrainer en Division 2 de district (10ème division), il a gravi les échelons avec autodidactie jusqu’à la Ligue 2.
Aujourd’hui, Azzedine Meguellatti n’exerce plus en tant qu’entraineur, mais pratique le coaching individuel auprès de joueurs de très haut niveau. D’ailleurs, certains d’entre eux participent à la Ligue des champions cette saison. Cerfia est allé à la rencontre de cet ancien entraineur français.
Azzedine Meguellatti, vous débutez votre carrière d’entraîneur au CS Ermont en 2ème division de district. En quelques années, vous réalisez l’exploit de gravir les échelons de la D2 à la R1, alors que le club ne dispose de presque aucune infrastructure. Comment expliquez-vous cette ascension ?
Bonjour Ilyes, j’explique cette ascension par l’adhésion de mon discours par le groupe et mes méthodes de travail adaptée à un niveau compétitif. Nous effectuions beaucoup de travail physique, cela nous permettait d’être beaucoup plus performant que les autres équipes dans ce domaine.
Vous avez disputé environ 1000 matchs en tant qu’entraîneur, du niveau district à la Ligue 2. Il s’agit d’un parcours encore jamais réalisé dans l’histoire du football français. Dans quelle ligue vous avez pris le plus de plaisir ?
Oui, ça doit tourner autour d’un millier de matchs, même si je n’ai pas compté. J’ai réalisé une quarantaine de matchs par saison pendant 25 ans, on ne doit pas en être très loin. J’ai vraiment pris du plaisir dans toutes les ligues, même en district au tout début de ma carrière. Je garde un bon souvenir de chaque ligue, je ne saurais pas en mettre une évidence.
Vous avez entraîné le FC Istres en Ligue 2 de février 2002 jusqu’à juin 2003, vous avez réussi à obtenir 2 maintiens en 2 ans, en étant l’un des plus petits budgets du championnat. Que retenez-vous de cette expérience ?
Je retiens surtout de cette expérience qu’il est beaucoup plus simple de diriger une équipe professionnelle qu’une équipe amateur. Pour commencer, je ne me demandais pas si un joueur sera présent à l’entraînement car son employeur ne le libérera peut-être pas. À ce niveau en ligue 2, son travail, c’est d’être là.
Lors de la saison 2009/2010, vous arrivez en cours de saison à l’UJA Alfortville (National 2) alors que le club est proche de la relégation, vous parvenez à le faire monter en national. Quelle a été la clé de la saison ?
Comme à Ermont au début de ma carrière, j’ai mis en place une méthode bien huilée. J’ai instauré des règles de vie très précises comme la tenue et le comportement, que soit sur ou en dehors du terrain. C’était un passage obligé, car nous avions une équipe de taille très moyenne, mais nous avions une qualité de jeu très importante pour ce niveau. Lorsque j’ai introduit Wissam Ben Yedder dans le groupe, il a bien entendu été une valeur ajoutée pour l’équipe.
Alors qu’il avait tout juste 18 ans, vous repérez le talent de Wissam Ben Yedder qui joue alors dans la 3ème équipe d’Alfortville, comment s’est passé son intégration au sein de l’équipe première ?
Son intégration dans l’équipe première a été extrêmement simple, ce n’est pas étonnant au vu du talent et l’éducation du garçon. Il est très vite devenu la « coqueluche » de l’équipe.
On a déjà aperçu Wissam Ben Yedder en fin de match avec l’AS Monaco porter un t-shirt qui comportait votre nom en signe de reconnaissance de la chance que vous lui avez accordé. Quelle est votre relation aujourd’hui avec Wissam Ben Yedder ?
J’ai d’ailleurs été très touché et surtout très surpris de cette manifestation, car Wissam n’est pas coutumier du fait. Concernant notre relation, nous sommes en très bon contact, nous parlons souvent, plusieurs fois par semaine.
Alors que vous entraîniez le Racing Club de France (national 3), l’UJA Alfortville (National) fait appel à vous. Vous acceptez tout en restant au Racing Club de France. Cela fait de vous le seul entraîneur de l’histoire du football français à avoir entraîné 2 équipes de niveaux national en même temps. Cette expérience a-t-elle été éprouvante ?
Cette expérience n’a pas été très éprouvante car j’étais très bien entouré, j’ai délégué de nombreuses missions. À l’UJA Alfortville (National), il y avait entrainement le matin, au Racing Club de France (National 3), il y avait entrainement le soir, c’était toute une organisation. J’ai surtout accompagné mon adjoint Vincent Bordot, à la tête de l’équipe du Racing Club de France, pour veiller au bon fonctionnement.
Aujourd’hui, vous pratiquez le coaching individuel auprès de joueurs de très haut niveau, qu’est-ce que ces joueurs attendent de vous ?
Les joueurs de très haut niveau ont surtout besoin de véracité dans le jugement de leurs prestations. Ils veulent toujours tout mettre en œuvre pour optimiser leur potentiel individuel au sein d’un collectif, c’est la raison pour laquelle ils font appel à moi. Leur but principal est de donner satisfaction au coach de l’équipe et ainsi tendre vers l’optimisation de leurs performances. Nous débriefons chacun de leur match, sans concession, avec l’appui de la vidéo.
Pour finir, au cours de votre carrière, vous avez entraîné de nombreux internationaux comme Wissam Ben Yedder ou encore Xavier Gravelaine. Pouvez-vous constituer un TOP3 des joueurs les plus talentueux que vous avez eu la chance d’entraîner ?
À ces deux joueurs de très haut niveau, j’ajouterai Kalifa Macalou qui évoluait au Racing Club de France et qui aurait eu une tout autre carrière sans ses blessures à répétition. Il était doté d’un immense talent et il s’agit d’un très bon garçon.
Votre parcours force le respect et l’admiration, à l’avenir avez-vous d’autres projets dans le monde du football ?
Merci pour les éloges, mais je n’ai jamais été carriériste. Donc j’irais là où me guideront mes envies. Pour l’instant, le coaching individuel me satisfait, j’aime beaucoup ce que je fais.
Si Azzedine Meguellatti s’est retiré des bancs des terrains, il n’est pas pour autant près de quitter le monde du football. Très passionné et rigoureux dans son travail, il a su faire de ses rêves une réalité. Du district au monde professionnel, le chemin est compliqué, mais n’est pas impossible.