The show must go on ! Depuis 6 mois, Donald Trump enchaîne les inculpations et les allers-retours aux tribunaux. Mais rien ne semble arrêter l’ancien Président dans sa course à la Maison Blanche pour 2024, même pas ses 78 chefs d’accusation.
L’affaire Stormy Daniels
Tout a commencé avec la première inculpation du 30 mars 2023 pour l’affaire Stormy Daniels. Pour la première fois de l’histoire du pays, un ancien Président des Etats-Unis a été inculpé pour une infraction pénale. Donald Trump a été accusé d’avoir versé 130 000 de dollars en 2016 à une actrice pornographique pour acheter son silence sur des relations qu’ils auraient eu en 2006 et 2007. Si cette affaire semble déjà très embarrassante, elle est également politique.
Pour payer Stormy Daniels, l’ancien chef d’Etat aurait pioché dans ses fonds de campagne lors qu’il était dans la course à la présidentielle pour sa première élection. La somme versée avait alors été présentée comme des frais juridiques dans la comptabilité.
Pour ce délit, soit la violation du financement de la campagne ou falsification de documents commerciaux dans la perpétuation d’un autre crime, Donald Trump risque une peine de quatre ans de prison. Mais cette affaire ne représente à l’heure actuelle pas grand-chose à côté des autres inculpations.
L’affaire des documents classés
Seulement deux mois après, Donald Trump a été face à une inculpation fédérale regroupant 37 chefs d’accusations. L’ancien Président est accusé en autres de rétention d’informations touchant à la sécurité nationale, de dissimulation de ces documents, ou de conspirations pour faire entrave à la justice.
Dans les faits, il est reproché à Donald Trump d’avoir gardé des documents classés touchant à la sûreté nucléaire et à la sécurité du pays en cas d’attaques extérieures par exemple. Ces documents ont ensuite été dissimulés des autorités fédérales comme le FBI et détenus par l’ancien Président dans des conditions qui ne garantissaient pas la sécurité de telles informations ; c’est-à-dire dans sa résidence de Mar-a-Lago en Floride.
L’affaire de l’assaut du Capitole
Cette affaire est sans aucun doute la plus grave des 4 car elle fait référence à l’insurrection au Capitole le 6 janvier 2021. Pour rappel, Donald Trump venait de perdre les élections face à Joe Biden en 2020. Face à cette défaite, le Président sortant martelait à ses partisans que l’élection leur avait été volée, causant l’assaut du Capitole par les militants de Trump.
Donald Trump est donc accusé d’avoir essayé de renverser les résultats des élections en créant « une atmosphère chargée de soupçon et de colère et sapé la confiance du public dans le déroulement de l’élection ». Cette inculpation regroupe quatre nouveaux chefs d’accusation : conspiration contre les Etats-Unis, conspiration en vue d’entraver une procédure officielle, obstruction d’une procédure officielle et conspiration en vue de porter atteinte aux droits civiques.
Pour résumer, le procureur spécial James Smith reproche à Donald Trump d’avoir menti délibérément à ses électeurs en lançant des accusations qu’il savait mensongères, et en mettant en danger la Constitution américaine et la démocratie.
L’affaire de complot en Géorgie
Il y a 2 semaines, l’État de Géorgie a lancé treize chefs d’accusation à l’encontre de Donald Trump. Pour cette nouvelle inculpation, la procureur Fani Willis accuse l’ancien Président et dix-huit autres prévenus de délinquance en bande organisée dont le but était de renverser les résultats de l’État de Géorgie lors des élections de 2020.
Encore une fois, il est reproché à Donald Trump de ne pas avoir accepté sa défaite et d’avoir participé à un complot pour changer de manière illégale les résultats. Cette fois-ci, l’ancien Président risque 20 ans de prison.
À ce jour, aucune date n’est fixée pour les procès. Différents procureurs souhaitent aller vite afin que les affaires soient jugées avant l’élection présidentielle de 2024. Il va donc falloir se préparer à voir les procès se passer en même temps que les débats pour 2024.
La défense de Trump dans ces affaires
Pour toutes ces affaires, Donald Trump nie en bloc tous les faits qui lui sont reprochés. Au fils des mois, il n’a cessé d’accuser l’administration Biden de « persécution politique et d’ingérence dans les élections ».
Encore une fois, Donald Trump met en accusation les institutions en rejetant toute la faute sur les juges qu’ils accusent d’être des marionnettes dans cette chasse aux sorcières.
« Cette affaire n’est rien d’autre que le dernier épisode des pathétiques efforts de l’administration criminelle Biden, et de son bras armé, le ministère de la Justice, pour interférer dans l’élection présidentielle de 2024. » a déclaré Donald Trump sur Truth social
Des affaires qui entretiennent son culte de la personnalité
Ces affaires sont éminemment politiques et certaines sont extrêmement sensibles. Alors qu’il semble évident que ces accusations auraient pu détruire la réputation de n’importe quel homme politique, Donald Trump en sort toujours plus populaire. Chaque inculpation représente une nouvelle opportunité de se placer en victime des institutions servant à le faire monter dans les sondages. Chaque affaire lui permet d’avoir une tribune médiatique servant sa cause.
À chaque comparution devant une cour, deux manifestations se créent. Il y a d’un côté les partisans de Donald Trump qui défendent leur Président coûte que coûte, et de l’autre les anti-Trump soulagés que l’ancien Président réponde de ses actes. Ce sont deux visions des États-Unis qui cohabitent et qui ne se comprennent plus. La Constitution, les valeurs et les institutions américaines ne sont plus importants pour les pro-Trump qui remettent tout en question.
« Tout ce qui émane du gourou, parce que c’est presque ça entre Trump et ses adeptes, ne peut être que pour le bien, dans la mesure où s’est dirigé contre cet Etat démocrate » avait expliqué le journaliste internationale Gauthier Rybinski sur l’absence de morale et de valeurs démocratiques chez les pro-Trump.
Les républicains quant à eux ne savent pas encore comment se positionner. Même si certains républicains voient les actes de Donald Trump comme des entraves dangereuses aux valeurs de la démocratie, se placer contre lui est dangereux dans l’opinion. Ils sont rares à se désolidariser complètement de l’ancien Président, comme c’est le cas notamment de Chris Christie. La plupart adopte une position d’équilibriste comme Mike Pence qui le soutient tout en prenant ses distances en défendant la Constitution.
Donald Trump ne semble pas prêt à laisser sa place dans la course à la Maison Blanche. Pour rappel, même si ce dernier est accusé, déclaré coupable ou en prison, il pourra toujours se présenter à la présidentielle de 2024, à moins qu’une peine d’inéligibilité soit prononcée.
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