Aujourd’hui retiré du poste, Bernard Bajolet, l’ex-directeur de la DGSE a été mis en examen pour avoir tenté d’extorquer de l’argent à un homme d’affaires suisse.
Alors que cette histoire date de 2016, Le Parisien a appris mercredi, d’une source proche du dossier, qu’un homme d’affaire franco-suisse aurait été victime de tentative d’extorsion d’argent par la DGSE. Au premier plan car il aurait validé les opérations, l’ex-Directeur Général de la Sécurité Extérieure, Bernard Bajolet a été placé en examen en octobre 2022.
Que s’est-il passé ?
Tout se passe à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle, en mars 2016. Un homme de 73 ans, alors homme d’affaires franco-suisse ayant quelques différents avec la justice française concernant différentes entreprises qu’il possède, s’apprête à prendre un vol en direction de Genève, en Suisse. Cet homme, c’est Alain Duménil.
Alors qu’il arrive au guichet pour enregistrer son billet, il est contrôlé par la police aux frontières. Les forces de l’ordre lui font un contrôle classique, lui demandent son passeport, avant de prétexter un contrôle approfondi pour l’emmener au poste situé dans le terminal 2F. L’homme s’exécute et se retrouve donc dans ce bureau avec les 2 agents de la PAF (police aux frontières) mais pas seulement.
En effet, 2 agents de la DGSE, alors en civil, s’introduisent dans les locaux. Dès lors, ils font remarquer à monsieur Duménil qu’il aurait une dette envers la France à hauteur de 15 millions d’euros. Ils lui expliquent la marche à suivre pour régler cette dette, notamment de dire à son conseil de contacter un avocat afin de se mettre d’accord sur les modalités de la transaction. Tout en le menaçant, les agents de la DGSE lui auraient montré des photos de lui et de sa famille prisent en Angleterre et en Suisse. Alain Duménil, après quelques minutes, se serait emporté et aurait menacé de porter plainte, ce qui a fait fuir les agents.
Bernard Bajolet
Alors directeur de la DGSE de 2013 à 2017, Bernard Bajolet a été entendu en octobre dernier sur l’affaire. Pour sa défense, il s’est dit ne pas être au courant ou du moins n’avoir rien précisé quant à la mise en œuvre de cette « entretien » avec monsieur Duménil à Roissy. Il reconnaît néanmoins avoir validé l’opération qui consistait effectivement à interpeller l’homme avec qui tous contacts antérieurs avaient échoué. Bernard Bajolet a dit que l’objectif était de prendre contact avec l’homme d’affaires sans accro, ni quoi que ce soit.
Aujourd’hui à la retraite, l’ex-patron de la DGSE a également été mis en examen pour s’être servi de personnes dépositaires de l’ordre publique (la PAF) et avoir porté atteinte arbitraire à la liberté individuelle.
Le secret défense permet aux personnes qui ont participé à l’affaire de ne jamais divulguer leur nom.