Questionnés par Léa Salamé et Gilles Bouleau sur les thèmes qui intéressent le plus les Français, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont affrontés hier soir lors du débat de l’entre-deux-tours. Retour sur les moments forts de cette soirée.
Ils étaient déjà rivaux dans la même émission et prétendaient au même poste il y a 5 ans. Le débat tant attendu entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen était moins tendu qu’en 2017, bien que le ton des deux candidats soit monté lors d’échanges, notamment sur le voile, le rapport entretenu avec la Russie ou même le climat.
Pour rappel, lors de leur dernier face-à-face, la prestation de la candidate du Rassemblement national a été critiquée, et avait elle-même revendiqué son échec. Hier soir, et devant 15,6 millions de téléspectateurs, deux points de vue totalement différents se sont confrontés.
Un débat plus calme qu’en 2017
Le faux départ de Marine Le Pen, qui a pris la parole avant que les présentateurs ne la lui donnent, s’est suivi de réponses hésitantes, venant d’une candidate peu sûre d’elle pendant une grande partie du débat. Cependant, la dernière édition de cette émission a permis aux deux rivaux d’apprendre de leurs erreurs, notamment sur leur comportement lors de sujets où ils divergent.
Emmanuel Macron s’est montré plutôt désinvolte tout au long du débat, par sa posture détendue et ses multiples rires moqueurs, face à une Marine Le Pen qui n’a pas osé prendre trop de risques, pourtant en mesure d’attaquer le président sortant sur les échecs de son mandat. Et ces échecs, la représentante du RN les a mentionnés, essayant de mettre en difficulté le chef de l’Etat, qui est resté solide sur ses appuis, apportant des solutions aux problèmes énumérés par sa rivale.
Le pouvoir d’achat divise
Marine Le Pen a défendu sa proposition d’exonérer de cotisations sociales les entreprises afin de les inciter à augmenter de 10% les salaires inférieurs à trois fois le smic. Une déclaration qui a tout de suite fait réagir Emmanuel Macron, interrompant son interlocutrice : « Mais vous n’augmentez pas les revenus, parce que vous n’administrez pas les salaires », ce a quoi elle a répondu « mais vous n’administrez pas les primes non plus »,faisant référence à une promesse du candidat LREM de permettre aux entreprises de distribuer des primes jusqu’à 6 000 euros par an sans payer de cotisations.
🔴 Sur le pouvoir d'achat
🗣️ @EmmanuelMacron
"Aussi vrai que la prime a une part d'aléas, ce que vous dites est aléatoire. Vous essayez de faire croire que vous allez augmenter les salaires de 10% et que ce sera récurrent."📺 #2022LeDébat sur @TF1 | @LCI pic.twitter.com/AYsOOlu9Xz
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Dans la foulée, le président sortant n’a pas lâché la candidate au sujet du blocage des prix du carburant décidé par le gouvernement en réponse à l’inflation. « Vous avez voté contre ce bouclier énergétique », a martelé Emmanuel Macron à de nombreuses reprises, face à sa rivale, qui a continué de prôner une baisse des taxes.
Macron contre-attaque sur la Russie
La guerre en Ukraine était l’un des thèmes les plus attendus. Les deux participants au débat ont évidemment dénoncé une fois de plus l’invasion russe, et bien que Marine Le Pen ait félicité étroitement certaines décisions du chef de l’Etat à ce sujet, celui-ci ne s’est pas gêné pour attaque la candidate sur ses relations avec la Russie. « Vous dépendez du pouvoir russe et vous dépendez de Monsieur Poutine », a déclaré Emmanuel Macron, accusant sa rivale d’avoir contracté un prêt en 2015 au près d’une banque russe, juste après avoir rappelé sa reconnaissance « du résultat de l’annexion de la Crimée ».
Face à lui, la candidate d’extrême-droite a fait signe de réfuter ses propos, du moins a montré son désaccord, mais finira par assumer ce prêt, de toute façon « rendu publique », comme elle l’a rappelé.
« Vous parlez de votre banquier quand vous parlez de la Russie. C’est ça le problème (…) Vous n’êtes pas dans une situation de puissance à puissance. Vous ne pouvez pas défendre correctement sur ce sujet les intérêts de la France puisque vos intérêts sont liés à ceux proches du pouvoir russe », a lancé Emmanuel Macron.
🔴 Jusqu'où doit aller la #France pour aider l'#Ukraine ?
🗣️ @EmmanuelMacron
"Vous parlez à votre banquier, quand vous parlez de la #Russie : c'est ça, le problème, Mme #LePen"📺 #2022LeDébat sur @TF1 | @LCI | #TF1Info > https://t.co/K14FB2EJYm pic.twitter.com/0hD7whEyg6
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En guise de défense, Marine Le Pen a rétorqué : « Aucune banque française n’a voulu m’accorder de prêt ». Se défendant sur le fait que son prêt ne soit toujours pas remboursé, la candidate du RN s’est expliquée.
« C’est long à rembourser, nous remboursons tous les mois rubis sur l’ongle », a-t-elle répondu. « Nous sommes un parti pauvre (…) mais je n’ai jamais considéré que c’était déshonorant. »
Deux visions éloignées du climat
« Votre programme n’a ni queue ni tête à cet égard ». La question de l’écologie s’est imposée dans ce débat, et Emmanuel Macron a rapidement changé de ton. « On est sur une controverse claire. J’ai lu votre projet, il est très transparent : vous êtes climatosceptique », a-t-il affirmé à Marine Le Pen.
🔴 #Climat : quelles mesures ?
🗣️ @EmmanuelMacron à Marine #LePen
"Votre programme n'a ni queue ni tête […] J'ai lu votre projet, très transparent : vous êtes climato-sceptique"📺 #2022LeDébat sur @TF1 | @LCI | #TF1Info > https://t.co/K14FB2EJYm #debatmacronlepen pic.twitter.com/m9GYmdZas5
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Visiblement surprise par les termes employés par son rival, Marine le Pen a attendu de pouvoir reprendre la parole pour lui répondre : « Je ne suis pas climatosceptique, en aucun cas, mais vous, vous êtes un peu climato-hypocrite ». La candidate en a profité pour attaquer le président-candidat sur sa volonté de multiplier les éoliennes en France, jugeant que le représentant de LREM souhaite « en mettre partout, sur toutes les côtes, sauf en face du Touquet », station balnéaire où Emmanuel Macron a pour habitude de prendre congés. Ce à quoi le président a directement répondu : « Ça, c’est du complotisme ».
Interdire le voile synonyme de « guerre civile » pour Macron
Discutée à de multiples reprises durant la campagne d’entre-deux-tours, la question du port du voile s’est hissée jusqu’à ce débat et a une fois de plus fragmenté les deux candidats. Pour rappel, Marine Le Pen est pour l’interdiction du voile dans l’espace public, le considérant comme un « uniforme imposé par les islamistes ». Elle a exprimé son point de vue sur la question, qualifié d’une digression par le président-candidat.
« D’une question sur le voile, vous êtes passés au terrorisme, pour revenir à l’islamisme, et revenir aux étrangers (…) Le principe d’égalité est que si vous rentrez dans cette logique Madame Le Pen, (d’interdire le voile, ndlr) vous interdirez tous les signes religieux dans l’espace public et pas simplement le foulard », a-t-il lancé
🔴 #Laïcité
🗣️ @EmmanuelMacron à Marine Le Pen
"Avec moi, il n'y aura pas d'interdiction ni du foulard, ni de la kippa, ni de quelque signe religieux dans l'espace public. Vous allez créer la guerre civile si vous faites ça"📺 #2022LeDébat sur @TF1 | @LCI #debatmacronlepen pic.twitter.com/bpnahgrE2z
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« Vous n’avez pas lu ma loi« , a directement répondu Marine Le Pen. « Non, mais j’ai lu la Constitution française, vous m’excuserez de cela« , a enchainé Emmanuel Macron. En développant son raisonnement, le candidat est allé plus loin. « Vous allez créer la guerre civile si vous faites ça », a-t-il lâché à sa rivale, ébahie, qui lui a rétorqué : « C’est très grave ce que vous dites Monsieur, ce que vous dites c’est qu’en réalité les gens n’accepteraient pas de se soumettre à la loi. »