Le 30 août le Président du Gabon Ali Bongo est renversé au lendemain de sa réélection. Ce coup d’État est le huitième depuis 3 ans en Afrique. Mais pourquoi ce nouveau putsch a-t-il eu lieu ? Et quelles sont les conséquences ? On t’explique tout.
Le Gabon est situé en Afrique centrale et a été une colonie française jusqu’à son indépendance en 1960. Depuis ce jour, seulement 3 Présidents se sont succédés dont 2 du clan Bongo. C’est en 1967 que Omar Bongo arrive au pouvoir et met en place un régime autoritaire en imposant son parti (le parti démocratique gabonais) comme parti unique. Omar Bongo est resté au pouvoir jusqu’à sa mort en 2009, à la suite duquel son fils Ali Bongo a pris le pouvoir après des élections très contestées.
Pendant 56 ans, les présidences Bongo ont été marqués par de multiples scandales liés à la corruption du gouvernement. En 1990 Omar Bongo a été accusé d’avoir accepté une enveloppe de plusieurs millions de francs de la société pétrolière Elf. Cette somme aurait permis à la société d’exploiter à son compte les mines de pétroles privant les gabonais de la richesse de leur ressource. En 2010, à titre posthume, Omar Bongo a également été accusé d’avoir bâti sa richesse en France grâce à des fonds publics détournés du Gabon. Alors que son fils venait d’être élu à la présidence du pays, l’affaire des biens mal acquis a sérieusement dégradé son image.
Mais Ali Bongo n’a pas eu besoin de ça pour ternir son image. Les différentes élections présidentielles qu’il a gagnées ont toujours été contestées au Gabon, créant des manifestations avec à chaque fois des blessés et des morts.
Et qu’en pensent les Gabonais ?
À la suite du putsch, plusieurs manifestations se sont organisées spontanément remerciant les militaires putschistes.
Pourquoi les Gabonais en veulent au clan Bongo ? À cause de leur extrême pauvreté ! Le Gabon est un des pays africains les plus riches en termes de ressources en pétrole et en manganèse. Par ailleurs, le Gabon est la troisième économie de l’Afrique centrale. Pourtant cette richesse ne profite absolument pas aux Gabonais qui enregistrent le taux de chômage le plus élevé du monde avec 37%. Près de 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté, et le pays est victime d’un manque cruel de logements et d’infrastructures pour les hôpitaux et les écoles. Le peu de bâtiment de soin souffre d’un manque de personnel.
Le coup d’État militaire
Mercredi 30 août, une douzaine de militaires gabonais sont apparus à la télévision nationale pour annoncer l’annulation des résultats de l’élection présidentielle du 26 août. Les putschistes ont également annoncé la dissolution de toutes les institutions de la République, dominées par le parti unique du clan Bongo.
Les résultats de l’élection venaient tout juste d’être annoncés et c’est le Président Ali Bongo qui avait été élu pour la troisième fois avec 64,27% de voix. Les opposants du chef de l’État contestaient cette nouvelle élection qu’ils considéraient comme frauduleuse.
À la suite du coup d’État, le Général Brice Oligui Nguema fut nommé Président de la transition.
Les interrogations sur le nouveau Président
Le Général Brice Oligui Nguema interroge les politiques et les chercheurs dans le monde. Avec le putsch, ce dernier était le chef de la garde républicaine et il est le cousin d’ Ali Bongo. La communauté internationale et les gabonais ont donc des difficultés pour cerner un putschiste qui est sur le papier un proche du clan Bongo.
De plus, on ne sait pas combien de temps va durer cette transition et donc combien de temps va durer le mandat du Général Brice Oligui Nguema. Dans le communiqué de presse lu en direct à la télévision nationale, les putschistes ont exprimé leur souhait d’organiser au plus vite des élections libres et surveillés par l’Union Africaine.
Même si ses intentions sont donc floues, quelques-unes de ses actions donnent de l’espoir au Gabonais. À la suite du coup d’État, la connexion internet a été remise dans le pays et les médias étrangers sont désormais à nouveau acceptés dans le pays. Concernant l’économie, aucune intention n’a été exprimée par le nouveau Président qui va prêter serment le 4 septembre.
Quelles en sont les conséquences ?
À vrai dire personne n’a la réponse. Même si la communauté internationale a dénoncé ce coup d’État, les dirigeants du monde n’osent pas afficher leur soutien à Ali Bongo accusé à de multiples reprises de corruption. La France, par exemple, a préféré soutenir le « processus démocratique » plutôt qu’en soutenir telle ou telle personne. L’Union Africaine a quant à elle réagi frontalement en suspendant le Gabon de l’organisation.
C’est là toute la complexité de cette crise. Comment soutenir un gouvernement autoritaire qui ne respectait pas les principes démocratiques ? Mais d’un autre côté, comment soutenir un coup d’État militaire après avoir dénoncé fermement tous les autres putschs en Afrique ces dernières années ? Car si la communauté internationale reconnaît ce nouveau gouvernement militaire, les putschistes du Niger ou du Mali pourront en demander de même.
De plus, ce coup d’État inquiète les proches voisins du Gabon. Au Cameroun le Président Paul Biya est au pouvoir depuis 1982, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo dirige quant à lui la Guinée Équatoriale depuis 1979. Ces dirigeants qui bafouent les principes démocratiques sur les élections peuvent se sentir en danger à la suite de ce coup d État. Cette nouvelle peut peut amener certains d’autres eux à se rapprocher de la milice Wagner afin de maintenir l’ordre dans leur pays, comme c’est le cas pour le Président de la Centrafrique.
Suivez toute l’actualité au quotidien sur notre compte Twitter @CerfiaFR. Pour plus d’infos « INFOS », découvrez notre rubrique dédiée.