La sélectionneuse de l’Equipe de France de football féminine, Corinne Diacre, a été écartée de son poste par le comex de la FFF. La conclusion de plusieurs années de tensions entre la coach et ses joueuses.
Le couperet était attendu ce matin lors de la réunion du Comité exécutif de la Fédération française de football. Corinne Diacre, entraîneuse désavouée par les cadres de la sélection nationale, n’occupera plus les bancs de l’Equipe de France féminine. Cette décision fait suite à un chapelet de scandales internes à la FFF et la démission retentissante (mais attendue) de son président emblématique depuis 2011, Noël Le Graët. Le dirigeant breton, désormais pantouflé au bureau parisien de la FIFA, était l’un des derniers à soutenir la coach passée auparavant par la formation masculine de Clermont-Ferrand. Ce départ forcé pourrait faire revenir quelques joueuses qui étaient rentrées en fronde contre la Fédération et nécessitera le choix rapide d’un ou une successeur.
Après les prises de position de plusieurs joueuses, Corinne Diacre n’est plus la sélectionneuse de l’équipe de France féminine pic.twitter.com/LgPHlvCmWc
— Nicolas Pelletier (@npelletier18) March 9, 2023
Les raisons d’une exclusion
Le management de Corinne Diacre ne faisait pas l’unanimité, surtout auprès des joueuses importantes de l’Equipe de France récente. Plusieurs d’entre elles avaient été mises de côté par la sélectionneuse après la Coupe du Monde 2019 en France, dont la meilleure buteuse de l’histoire de l’équipe Eugénie Le Sommer (86 buts en 175 matches) et la capitaine Amandine Henry. Ces derniers jours une autre cadre du vestiaire, Wendy Renard, annonçait sa retraite internationale en se justifiant de ne plus être d’accord avec le fonctionnement de l’institution. Sa prise de position a été imitée par deux autres figures, Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani.
« Depuis plus de dix jours, je fais l’objet d’une campagne de dénigrement qui stupéfie par sa violence et sa malhonnêteté. Mes détracteurs n’hésitent pas – sans s’embarrasser de la vérité – à s’attaquer à mon intégrité personnelle et professionnelle […] Je ne me laisserai pas atteindre par cette opération de déstabilisation, qui ne prend pas en compte mon bilan sportif (79,17 % de victoires, le pourcentage plus élevé sur le banc des Bleues d’après L’Equipe), et qui a pour seul objectif un règlement de compte personnel », se défendait Corinne Diacre dans un communiqué en début de semaine.
Un petit groupe constitué de dirigeants du foot français (parmi lesquels le président de l’Olympique Lyonnais Jean-Michel Aulas s’étant prononcé plutôt en défaveur du maintien de C. Diacre) a été chargé de rapporter un bilan de la situation en Equipe de France féminine, et le constat était prévisible. Ce jeudi matin, les membres de la mission ont recommandé, le président de la FFF, de se séparer de la sélectionneuse, et ce environ quatre mois avant la Coupe du Monde en Océanie (Australie et Nouvelle-Zélande du 20 juillet au 20 août). Cette exclusion conditionnait probablement le retour des joueuses susmentionnées, aussi pourrait-on voir la rétractation de Wendy Renard par exemple, dont la posture semblait pourtant ferme.
« Les nombreuses auditions menées ont permis d’établir le constat d’une fracture très importante avec les joueuses cadres et mis en lumière un décalage avec les exigences du très haut niveau. Cette fracture a atteint un point de non-retour qui nuit aux intérêts de la sélection, a justifié la Fédération dans un communiqué. Si la FFF reconnaît l’implication et le sérieux de Corinne Diacre et son staff dans l’exercice de leur mission, il apparaît que les dysfonctionnements constatés semblent, dans ce contexte, irréversibles », ont rapporté J.-M. Aulas, Marc Keller (président du Racing Club de Strasbourg), Aline Riera et Laura Georges.
Quelle suite pour l’EDF ?
La FFF devra tout d’abord s’acquitter des 400 000 euros d’indemnités de licenciementqu’elle doit à Corinne Diacre. Ensuite : trouver une personne pour la remplacer à son poste. Or, la 3F ne semble pour l’instant n’avoir contacté personne et aura la lourde tâche de trouver le profil adéquat pour remobiliser les troupes, dans lesquelles certaines joueuses approuvaient C. Diacre. La décision obtenue surtout par des dirigeants du football professionnel pourraient aussi perturber l’équilibre et la santé de la Fédération qui est constituée de représentants du monde amateur, principalement satisfaits des différents mandats et de la politique de l’ex-président Noël Le Graët. Beaucoup de changements et de résultats (positifs) sont exigés de toutes parts – opinion publique, acteurs internes, staff…