Très peu représentés sur le marché, les moyens de contraception pour les hommes tendent à se démocratiser. À Brest, deux jeunes étudiantes ont mis au point un moyen de contraception pour les hommes, le boxer contraceptif.
À l’IMT Atlantique de Brest, deux étudiantes ingénieures ont eu une idée qui pourrait être révolutionnaire. Ça concerne la contraception pour les hommes.
Ces deux jeunes femmes se sont questionnées sur la contraception masculine, et en sont arrivées à se demander pourquoi la contraception était quasi-exclusivement réservée aux femmes. « Au départ, on voulait créer une pilule pour homme ! On ne comprenait pas pourquoi il y avait autant de méthodes différentes de contraception pour les femmes, mais quasiment rien pour les hommes ». En effet, en France, en 2022, les moyens contraceptifs pour les hommes sont :
- Le préservatif ;
- La vasectomie (opération médicale qui bloque les canaux qui transportent les spermatozoïdes) ;
- Le retrait lors du rapport sexuel.
Julie Simon et Éléonore Abadie ont donc pris une année de césure pour se consacrer 100% à leur projet. Mais alors, concrètement, comment ça fonctionne ?
Le boxer contraceptif
« Pourquoi il n’y aurait pas de pilule pour homme, après tout ? » Voici la question que se sont posée les deux étudiantes, qui les porte à mener leur projet à bien.
Le principe de base sur lequel est fondé ce projet, c’est sur la contraception thermique. Les filles disent s’être appuyées sur les travaux du docteur Mieusset (andrologue, spécialiste de la contraception masculine) du CHU de Toulouse, « qui a travaillé 40 ans sur le sujet, mais lui sur la forme d’un slip ». Il est d’ailleurs le seul médecin qui prescrivait cette méthode (slip chauffant) et qui suivait ses utilisateurs.
Ce ne sont que deux petits degrés de différence qui font fonctionner le processus. En effet, les bourses produisent des spermatozoïdes à 35°C. Le boxer contraceptif, lui, permet de faire monter la température et de la passer à 37°C, ce qui réduit fortement la production de spermatozoïdes. L’augmentation de la température se fait par la remontée des testicules vers l’entre-jambe et stop ainsi, quasiment, la spermatogenèse (cellule à l’origine des gamètes mâles).
Pas encore démocratisé
Elles sont, pour l’instant, en phase d’essai de leur projet. Elles travaillent avec le CHU de Brest et de Nantes. Le projet pourrait bientôt voir un premier essai clinique, puisqu’il a intégré un incubateur spécifique au sein du CHRU de Brest.
En effet, l’objectif principal est de décrocher la certification médicale. « Notre objectif est bien celui-ci : obtenir une certification médicale et légale à notre boxer. »
En réalité, ce dispositif existe déjà dans certaines associations, mais de « manière artisanale » : « Il n’y a pas du tout de dispositif médical ». L’association le « Garçon », basée à Toulouse, anime chaque semaine des ateliers de couture pour fabriquer des slips chauffants, à l’initiative du docteur Mieusset.
Ce slip doit se porter au minimum 15 heures sur un étalement de 24 jours. À l’issu de ces 24 jours, un spermogramme est établi 3 mois plus tard. Il permet de constater que le nombre de spermatozoïdes a diminué et est en dessous du seuil contraceptif défini par l’OMS, à savoir 1 millions de spermatozoïdes par millilitre.
Aujourd’hui, les deux étudiantes ont obtenu une aide de 10 000 euros de la part de la Fondation Le Roch-Mousquetaires pour les aider à créer leur entreprise. En mars prochain, un passage devant un comité au CHU de Brest est prévu. Question soutien, elles cherchent toujours des sponsors médicaux.