Depuis 1991 et la dissolution de l’URSS, l’Ukraine devient indépendante de la Russie. Pourtant, les tensions et conflits entre les deux pays montrent un certain attachement des Russes à leur ancien satellite.
Un conflit historique
En effet, depuis les années 2000, plusieurs confits ont animé les relations diplomatiques entre les deux pays, notamment la révolution orange de 2004 et les crises gazières de 2006 et 2009 (la Russie refusait d’alimenter l’Ukraine en gaz).
Mais ces tensions ont véritablement trouvé leur point de bascule en 2014. Cette année-là, la Russie annexe la Crimée, une presqu’île appartenant à l’Ukraine, provoquant la révolte de la communauté internationale et de l’OTAN, une alliance diplomatico-militaire entre pays d’Europe et d’Amérique du Nord.
Cette annexion de la Crimée provoque une guerre civile à l’Est de l’Ukraine venant des séparatistes pro-russes. Une crise internationale débute.
Des sources idéologiques
Pour la Russie, le vrai problème n’est pas l’indépendance de l’Ukraine en elle-même, mais c’est surtout son rapprochement avec l’Europe et notamment des collaborations militaires avec l’OTAN. Parce qu’historiquement, malgré une indépendance Ukrainienne depuis 1991, la Russie a toujours gardé une influence considérable sur le pays grâce à la mentalité soviétique (un soft power), comparables à la relation Belarus – Russie d’aujourd’hui.
Ce rapprochement avec l’Europe et surtout avec l’OTAN (dont la Russie ne fait pas partie), signifie donc un changement de mentalité et une plus grande indépendance de Kiev vis-à-vis de Moscou. La Russie voit également ça comme une « invasion » européenne dans sa sphère d’influence, c’est pourquoi depuis début janvier on assiste à un fort regain de tension.
8 ans après les premières crises militaires, un retour des conflits diplomatiques
Depuis plusieurs mois, l’Ukraine s’affiche comme voulant collaborer plus étroitement avec l’OTAN, suite à quoi plusieurs mouvements de troupes russes ont été observés à la frontière ukrainienne, après avoir envoyé des dizaines de milliers de soldats à cette frontière tout au long de l’année.
Suite à cela l’OTAN, l’UE, Paris et Washington ont mis en garde la Russie dans le cas d’une éventuelle invasion ukrainienne, tandis que Moscou les accuse de fournir l’Ukraine en arme.
Début décembre, Biden menace de mettre en place des « sanctions économiques fortes », alors que de son côté, Poutine souhaite simplement avoir la garantie que l’Ukraine ne rejoindra pas l’OTAN. Il y a plusieurs points de vue à ces tensions : on peut les voire à la fois comme des actions offensives Russes, menaçant l’intégrité ukrainienne, mais aussi comme des actes défensifs : la Russie souhaite garder son influence sur son « petit frère ».
Le problème, et c’est là la source du bras de fer diplomatique, c’est que ce n’est pas la seule condition Russe : Moscou souhaite aussi le retrait de l’OTAN de tous les pays l’ayant rejoint après 1997, ce qui comprend 14 pays de l’ex-URSS. Les négociations entre l’OTAN et la Russie et entre les États-Unis et la Russie ne mènent à rien.
Les tensions continuent de s’aggraver puisque l’Ukraine a subi des cyberattaques sur des sites gouvernementaux, dont la Russie a été accusée d’en être l’auteur. La Russie a également déployé de nombreuses troupes au Belarus et possiblement également des armes nucléaires, rendant la situation plus délicate que jamais.
Ces derniers jours, les tensions ont atteint un point culminant.
La Russie a déployé ses troupes en Biélorussie, pays ami de la Russie et frontalier de l’Ukraine, pour des exercices militaires. Des navires de guerres russes ont également été déployé en Mer Noire, sans parler des milliers de troupes russes à la frontière ukrainienne. Du côté de ce que l’on pourrait qualifier de « bloc occidental », les États-Unis ont envoyés des milliers de troupes en Pologne, en Allemagne ainsi qu’en Roumanie. La Maison Blanche a également déployé plusieurs avions de chasse F-15 en Europe ainsi que des navires de guerres en méditérannée. Les pays de l’OTAN ont également déployé de nombreuses forces en Europe de l’Est, aussi bien des troupe que des navires ou encore des avions de chasses. La situation donc est extrêmement tendue puisque de chaque côté de l’Ukraine des dispositifs militaires très importants sont déployés. Toutefois comme le rappelle Vladimir Poutine lui-même, la voie diplomatique est privilégiée, en témoigne les nombreux entretien entre la Russie et les puissances occidentales.
Toutefois, même s’il devait y avoir une désescalade cela ne mettrait pas fin aux tensions. En effet on se rend bien compte que l’Ukraine est déchirée. D’un côté le pays souhaite s’européaniser, de l’autre, son « grand frère » russe souhaite la voir rester dans sa sphère d’influence et mettra tout en œuvre pour que ce soit le cas y compris certainement aller jusqu’au conflit armé, ce que n’est absolument pas prêt à faire l’OTAN. L’Ukraine est donc coincée, et sans accord Russe, il semble difficile d’imaginer le pays intégrer l’OTAN.