Les colonies de vacances en France ont longtemps été un lieu de formation et d’épanouissement pour les jeunes. Cependant, certaines d’entre elles semblent avoir dévié de leur mission originale, se rapprochant davantage de modèles de vacances axés sur la consommation. Toutefois, avec les récentes initiatives gouvernementales et une prise de conscience croissante, un renouveau centré sur l’animation semble possible, bien que des défis demeurent.
La montée en puissance du BAFA et ses défis
L’année 2022 a vu une augmentation significative de 37 % du nombre de brevets d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA) délivrés. Cependant, ce chiffre encourageant masque une réalité plus complexe : le secteur connaît toujours des difficultés de recrutement. Un des freins majeurs réside dans les conditions financières associées au BAFA. Le coût de la formation totale tourne autour de 800 euros, et il n’est pas rare que le stage pratique de deux semaines ne soit pas rémunéré. De plus, les salaires des animateurs sont souvent très bas, aux alentours d’une trentaine d’euros brut par jour de travail, ce qui peut décourager de nombreux candidats potentiels.
« Je dois dire, en tant que formateur BAFA depuis 15 ans, le décor a changé. Avant, c’était une passion d’abord, aujourd’hui, c’est presque devenu un luxe de se former. On doit travailler ensemble pour que ce ne soit pas réservé à une élite, mais accessible à tous ceux qui ont une flamme pour l’animation », déplore Guillaume, formateur BAFA-BAFD en région parsienne.
L’évolution vers la consommation
Au fil des années, certaines colonies de vacances ont progressivement délaissé le concept original d’animation au profit d’une multitude d’activités extérieures, devenant presque des clones de clubs de vacances comme le Club Med. Des excursions coûteuses et des activités commercialisées ont pris le pas sur les jeux collectifs, les activités manuelles et les journées à thème. Ce virage vers la consommation a également un impact financier, augmentant le coût des séjours pour les familles.
Le retour vers l’animation comme solution
La hausse du nombre de brevets BAFA délivrés et les initiatives gouvernementales visant à soutenir la formation des animateurs suggèrent que le retour à une véritable culture de l’animation est non seulement possible, mais souhaitable. Ce retour aux sources aurait l’avantage de réduire les coûts, en privilégiant des activités moins coûteuses mais tout aussi enrichissantes, telles que les grands-jeux, les journées à thèmes et les veillées. Or, tous les professionnels du millieu pourront en témoigner : un animateur formé et passionné peut transformer une simple activité en une aventure mémorable.
Les grands-jeux, les journées à thème et les veillées permettent aux enfants de développer leur imagination, leurs compétences sociales et leur sens de la communauté. L’animation de qualité peut donc offrir une expérience riche et inoubliable sans nécessiter un budget exorbitant.
Potentiel inexploité et opportunités futures
La France compte plus de 16 millions de mineurs, ce qui représente un potentiel énorme pour les colonies de vacances. Cependant, selon les chiffres disponibles, seulement un peu moins d’un million d’entre eux partent chaque année en colonie. Ce chiffre suggère que moins de 6% de la population mineure en France bénéficie de cette expérience enrichissante. À ce titre, l’idée du « Pass-Colo », souhaitée par Aurore Bergé, Ministre des Solidarités, prend toute sa signification.
Cette initiative visant à démocratiser l’accès aux colonies de vacances pourrait être un catalyseur pour augmenter la participation et élargir l’accès à ce type d’expérience. En revenant à une animation de qualité, elles pourraient attirer davantage de familles et offrir des séjours plus abordables. Toutefois, le défi de recrutement et les questions relatives à la formation des animateurs doivent être abordés pour que ce potentiel soit pleinement exploité.
Un nouveau souffle inspiré du passé
« Quand j’étais enfant, les colonies de vacances étaient une véritable aventure. On ne savait pas toujours où on allait, mais on savait qu’on allait s’amuser. Ce n’était pas une question de combien d’activités étaient au programme ou de quels équipements étaient disponibles. C’était le sentiment de communauté, les grands jeux dans la forêt, les veillées autour du feu, qui ont vraiment marqué mon expérience. J’aimerais que mes enfants puissent connaître cette même magie », témoigne Claudine, maman d’une enfant partie cet été en colonie.
Aujourd’hui, alors que le paysage des colonies de vacances est en pleine évolution, un souffle nostalgique semble inspirer une nouvelle génération de parents, d’animateurs et même de politiques. Ils aspirent à revenir à ce qui a fait la magie des colonies d’antan : un accent sur l’animation authentique, la découverte et le développement personnel plutôt que la simple consommation de loisirs. Cette nouvelle ère pourrait bien s’inspirer des meilleures pratiques du passé pour offrir aux jeunes un environnement à la fois éducatif et divertissant, qui pourrait redéfinir l’expérience de la colonie de vacances pour les années à venir.
Les réseaux-sociaux, meilleurs alliés des colos ?
À l’ère numérique, les réseaux sociaux jouent un rôle crucial dans le renouveau des colonies de vacances. Des organismes tels que Vivacs, avec plus de 100 000 abonnés sur TikTok, et Aventures Vacances Energie, actifs sur Facebook et Instagram, ont réussi à s’adapter à cette nouvelle forme de communication. Ils ciblent directement les jeunes et les jeunes parents, dévoilant des séjours en temps réel et des expériences marquantes qui établissent un lien direct et authentique avec leur audience.
Et ce n’est pas tout : les colons eux-mêmes deviennent des ambassadeurs de ces expériences. Chaque été, des milliers de vidéos et de « trends » de colonies circulent sur Instagram, TikTok, et YouTube. Ces contenus générés par les utilisateurs fournissent une publicité gratuite et puissante, non seulement en montrant les séjours sous leur meilleur jour, mais également en capturant l’essence même de ce qui rend les colos spéciales : le sens de la communauté, l’exploration et le pur plaisir de l’enfance et de l’adolescence. Ce cycle de partage en ligne crée une boucle vertueuse, encourageant de nouveaux participants à s’inscrire, tout en insufflant une nouvelle vie à ce format de vacances intemporel.
Les colonies de vacances en France sont à un tournant. Bien qu’elles aient dévié vers un modèle de consommation, le vent semble tourner en faveur d’un retour aux animations de qualité. Cependant, pour que ce renouveau soit possible, il est essentiel de surmonter les défis de recrutement et de rendre la formation plus accessible. Le futur des colonies de vacances dépendra en grande partie de la manière dont ces défis seront relevés.
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