En Chine, depuis ce dimanche, plusieurs manifestations ont éclaté contre la politique « zéro Covid » et cible le régime Xi Jinping. À cause des restrictions mises en vigueur pour contrer le virus, les chinois sont furieux contre le gouvernement.
Jeudi 24 novembre, à Urimqui, capitale de la région autonome ouïghoure du Xinjiang, un incendie a eu lieu dans un immeuble résidentiel, qui a fait 10 morts et neuf blessés selon l’agence Chine nouvelle. Les pompiers ont eu du mal à intervenir dans ce immeuble à cause des restrictions sanitaires auxquelles la résidence était soumise. En effet, des voitures garées depuis des semaines à cause du confinement dans la petite rue qui mène à l’immeuble ont obstrué le passage, d’après les nombreux messages sur les réseaux sociaux.
« Quand un quartier est bouclé [à cause de la quarantaine], des barrières sont installées partout, et des vidéos montrent que les camions des pompiers n’ont pas pu s’approcher de l’immeuble qui était en train de brûler », raconte la sinologue et présidente de l’association Solidarité Chine, Marie Holzman.
Plusieurs manifestations
Depuis dimanche, les manifestations prennent une grande ampleur au pays. Après les débuts de manifestations dans la ville où a été déclaré l’incendie, c’est ensuite à Shanghai que le mouvement a été repris. Entre 500 et 1 000 personnes été présentes, selon Arnauld Miguet, correspondant de France Télévisions en Chine. Le mouvement est ensuite parvenu jusqu’à la capitale chinoise où des étudiants de l’université de Tsinghua ont manifesté. Mais aussi des manifestations à « Nankin, Xian, Wuhan et Canton, selon des images recueillies par l’AFP qui cependant n’ont pas pu être vérifiées », précise franceinfo.
I’m in Beijing at the scene of the protest. Mostly young people. They’re chanting no to Covid tests and yes to freedom. Large police presence. Also people hold white papers like in Shanghai – symbolic protest against censorship. Lots of honking cars in solidarity pic.twitter.com/aCbqGNzn4t
— Selina Wang (@selinawangtv) November 27, 2022
« Selon des vidéos partiellement vérifiées par l’AFP, des centaines de personnes sont descendues dans la rue pour demander de lever le confinement », rapporte franceinfo. Et ce sont « aussi bien des Chinois que des Ouïghours », précise la sinologue et présidente de l’association Solidarité Chine.
Demande la démission du régime
Durant les manifestations, la foule crie à la démission du régime, critique les autorités chinoises ce qui est « très rare », déclare Arnauld Miguet, correspondant de France Télévisions en Chine.
#Shanghai rues fermées renforts de #police #manifestations #Chine #Covid19 pic.twitter.com/z0m9p71vI4
— Arnauld Miguet (@arnauldmiguet) November 27, 2022
« Parti communiste démission ! Xi Jinping démission ! », les slogans des manifestants visent directement le pouvoir ce soir dans les rues de Shanghai #China #Chine pic.twitter.com/LUbBA5ZFdx
— Anonyme Citoyen (@AnonymeCitoyen) November 26, 2022
D’après Arnauld Miguet, les différents slogans qu’on peut entendre sont « À bas Xi Jinping » ou encore « À bas le Parti communiste ». Mais aussi des feuilles de papier vierges agitées par les manifestants, qui représentent la censure.
Concernent toutes les classes sociales
Ce qui fait trembler encore plus le régime est le fait que même les classes moyennes s’opposent à cette situation. Pourtant, c’est « la classe moyenne qui profitait auparavant largement du système politique », explique Valérie Niquet, spécialiste de l’Asie à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).
On retrouve aussi la classe ouvrière, qui conteste la situation qui touche la Chine actuellement, dont les ouvriers de la plus grande usine d’Iphone.
La situation devient hors de contrôle ce soir à l'usine d'iPhone de Zhengzhou en Chine. Les ouvriers se révoltent contre les restrictions très strictes #China #Chine pic.twitter.com/OJkXXakmPU
— Anonyme Citoyen (@AnonymeCitoyen) November 23, 2022
« En Chine, le ras-le-bol est généralisé contre la stratégie « zéro Covid ». Toutes les couches de la population sont touchées par une politique sanitaire qui a des conséquences dramatiques pour l’économie, mais aussi sur la vie quotidienne », ajoute Valérie Niquet.
Le régime bloqué par la politique « zéro Covid » ?
D’après, la spécialiste de l’Asie à la Fondation pour la recherche stratégique, Valérie Niquet, « si le gouvernement lève subitement sa politique « zéro Covid », les conséquences sanitaires seront importantes. (…) La population chinoise n’est pas bien vaccinée ».
De plus, si le régime lève cette politique « cela serait totalement remettre en cause le discours du chef d’Etat chinois, qui affirme comme que la Chine et le Parti communiste ont remporté la victoire contre le Covid, contrairement à l’Occident », précise Valérie Niquet.
« Au Xinjiang, la contestation a tout de même fait reculer les autorités locales, qui ont levé « toutes les mesures de confinement » », nous informent franceinfo.