Depuis quelques semaines, c’est un débat qui fait rage au sein du Conseil municipal grenoblois. Le maire écologiste Eric Piolle veut autoriser le port du burkini dans les piscines municipales grenobloises pour des questions d’égalité et de liberté.
Ce lundi 16 mai 2022 restera dans les mémoires de la mairie grenobloise. En effet, le Conseil municipal a adopté le port du burkini dans les piscines municipales. La révision du règlement des piscines publiques proposé par le maire EELV, Eric Piolle, vise à autoriser le port du burkini pour les femmes, mais elles auront aussi le droit de se baigner les seins nus ou avec un t-shirt.
Une vague de contestations
« Vous faites honte aux musulmans, vous faites honte à Grenoble et à notre histoire », déclare Emilie Chalas, élue LREM, contre cette révision. Plusieurs élus n’étaient pas favorables à cette révision qui selon eux, soumet la femme, « Nous ne sommes ni frondeurs ni dissidents. Nous ne sommes ni islamophobes ni laïcards mais le burkini, qui n’est pas un signe religieux, reste le résultat d’une injonction patriarcale », ajoute Amel Zenati, élue EELV. Pour Cécile Cenatiempo, élue du PS, c’est « un retour en arrière ».
À deux voix près
Il aura fallu un débat de 4 heures et des échanges tendus pour une délibération très attendue. Vingt-neuf voix favorables contre vingt-sept voix défavorables et deux voix d’abstention. Un vote compliqué qui divise, y compris dans le parti majoritaire.
À l’annonce des résultats, c’est toute une salle qui est réjouie. Les membres de l’association Alliance Citoyenne sont fous de joie. Réunis dans une salle non loin de la mairie, « On a gagné » est scandé dans toute la salle.
Le conseil municipal de #Grenoble a adopté le nouveau règlement intérieur des piscines municipales.
Nous levons les interdits vestimentaires : seules les règles d'hygiène et de sécurité comptent.
— Éric Piolle (@EricPiolle) May 16, 2022
Malgré cette division, le maire de Grenoble veut prendre l’exemple de Rennes pour démontrer que cette révision « n’a jamais eu de troubles à l’ordre public ».
Des sanctions sont attendues
Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, avait menacé la ville de Grenoble de sanctions économiques. Chose promise, chose due, l’annonce du retrait des subventions à la ville de Grenoble ne s’est pas fait attendre : 1,5 million d’euros seront supprimés.
De plus, le préfet de l’Isère, avait indiqué qu’il saisirait le tribunal administratif si la révision était adoptée. À voir si la saisie va être effectuée ou non.
Quant à Eric Ciotti, il a déposé une proposition à l’Assemblée nationale lundi, qui vise à interdire le port du burkini dans les piscines publiques afin de conserver la laïcité et ne pas laisser les maires faire ce qu’ils veulent et créer des « pressions communautaires fortes ».