Ce dimanche 28 mai, Élisabeth Borne avait critiqué la banalisation du Rassemblement National, « héritier de Pétain ». La Première ministre a été rapidement recadrée par Emmanuel Macron ce mardi en Conseil des ministres, et a reçu le soutien de Bruno Le Maire.
Les recadrages pleuvent à Matignon. Dimanche, lors d’une intervention au micro de radio J, la pensionnaire de Matignon avait dénoncé la banalisation du Rassemblement National ces dernières années, rappelant qu’elle n’avait jamais entendu Marine Le Pen « dénoncer ce qu’ont pu être les positions historiques de son parti ».
« Le Rassemblement national (@RNational_off) est l’ héritier de Pétain. C’est une idéologie dangereuse »: @Elisabeth_Borne #LEDLR @RadioJFrance pic.twitter.com/Q2zBpdDEm7
— Haziza Frédéric (@frhaz) May 28, 2023
Emmanuel Macron l’a alors reprise en Conseil des ministres ce mardi :
« Il faut décrédibiliser » le RN « par le fond et les incohérences, le concret », et pas par des « postures morales » ou des « mots des années 1990 qui ne fonctionnent plus », a affirmé le Président.
L’Élysée a déclaré en retour qu’Emmanuel Macron avait toute confiance en la Première ministre, et qu’il ne la recadrait jamais en Conseil des ministres.
Une citation qui n’a pas manqué de faire réagir
À droite, chez Les Républicains, le président du groupe à l’Assemblée nationale Olivier Marleix accuse le pensionnaire de l’Élysée de ne pas savoir sur quel pied danser. Après avoir fait de la « diabolisation », il ferait aujourd’hui de la « banalisation », alors même que sans cette diabolisation, « il ne serait pas président de la République aujourd’hui ».
Cette banalisation a aussi été taclée du côté des écologistes et des socialistes, qui déplorent une « dérive complète » d’Emmanuel Macron, d’une « violence incroyable » pour le Premier Secrétaire du Parti Socialiste Olivier Faure.
« J’étais stupéfait de voir la Première ministre recadrée sur un sujet comme celui-là, d’abord pour des raisons qui sont strictement liées à son histoire personnelle. Elle est la fille d’un déporté d’Auschwitz », a ajouté le chef du PS.
De son côté, le Rassemblement National s’est satisfait du recadrage présidentiel. Jordan Bardella, président du parti, a appelé Élisabeth Borne à s’excuser, alors que la cadre du parti Laure Lavalette donne raison et déclare que « ça fait un peu fin de règne » pour celle qui dirige le gouvernement depuis plus d’un an.
La fin de règne, justement
Ce n’est pas la première fois que la fin est évoquée. « Soit ça passe, soit ça casse », lâchait un ancien ministre. Déjà fragilisée par de multiples usages du 49.3 en début d’année et par la réforme des retraites, celle qui est qualifiée de trop technocrate pourrait laisser sa place prochainement. Chaque crise peut lui être fatale, selon de nombreux analystes politiques. Son taux de popularité n’a fait que chuter ces derniers mois, avant de remonter légèrement en cette fin mai. Et son remplaçant justement, il pourrait déjà être trouvé.
Bruno Le Maire, sauveur ?
C’est dans les petits papiers politiques depuis plusieurs semaines. L’actuel ministre de l’Économie pourrait prendre place sur le plus gros fauteuil politique de Matignon. Bras droit économique d’Emmanuel Macron depuis sa première élection en 2017, l’ancien LR a réussi à se forger un visage de leader. Un choix logique, voire naturel dans la suite des ambitions du gouvernement.
Une ambition de Premier ministre qui pourrait se lier à ses ambitions de président de la République en 2027, le remplaçant macroniste n’ayant toujours pas été désigné. Bruno Le Maire est d’ailleurs le chouchou des Français dans ce gouvernement, et fait partie des trois personnalités politiques préférées des Français.
Toujours est-il que dans la tempête qui a emporté Élisabeth Borne, ce dernier a été l’un des seuls à la défendre publiquement. Il s’est laissé aller, sur France Inter ce matin, à quelques phrases timides de soutien pour sa patronne.
« On peut rappeler parfaitement, comme l’a fait la Première ministre, l’histoire du Rassemblement national, tout en combattant le Rassemblement national sur ses propositions, sur ses idées », selon Bruno Le Maire.
.@BrunoLeMaire sur le rappel à l'ordre d'Emmanuel Macron sur le RN : "Le Rassemblement national a une histoire, et surtout aujourd'hui c'est un parti dont aucune des solutions ne fonctionne" #le7930inter pic.twitter.com/X3MaPo3Uj6
— France Inter (@franceinter) May 31, 2023
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