Dimanche 8 janvier, au Brésil, des centaines de partisans de l’ex-président Jair Bolsonaro (2019-2023), défait à la présidentielle, ont envahi les principales institutions du pouvoir à Brasília en signe de contestation à la récente élection de Lula. Face à ce chaos, la communauté internationale a fermement condamné à l’unanimité les actes des bolsonaristes.
Des scènes de chaos et des événements sans précédent dans l’histoire du Brésil. Dimanche 8 janvier, vers 15 heures (heure locale), une véritable marée humaine déferle sur les édifices gouvernementaux, à savoir le palais présidentiel, la Cour suprême ainsi que le Congrès du Brésil, tous situés à Brasília, la capitale du pays.
Rangée derrière Jair Bolsonaro, cette marée ne reconnaît toujours pas la victoire de Lula qui a signé son retour à la tête du pays en s’imposant à la présidentielle et qui vient d’avoir été investi au pouvoir la semaine passée.
Un après-midi noir au Brésil
Les nombreuses vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent des centaines de partisans passer à l’action et saccager les murs de la place des Trois Pouvoirs du Brésil. Ils sont parvenus à faire rompre rapidement le cordon de sécurité avant de courir vers la salle d’audience principale de la Cour suprême.
Pêle-mêle, les manifestants ont brisé des vitres avant de rejoindre les toits des institutions pour exprimer plus fort leur mécontentement et désaccord face à la réélection de Lula. Ils ont également dégradé du mobilier, notamment ceux des bureaux de parlementaires et même incendié un tapis du Congrès selon la chaîne américaine CNN.
🇧🇷 Scènes d'occupation du Congrès national au Brésil
Comme un air de déjà vu pic.twitter.com/1Pbfa1kJ7U
— On m'appelle 404 (@Red_Pill_Report) January 8, 2023
Des dégâts considérables commis par des « fascistes » et des « fanatiques« , qui « seront punis avec toute la force de la loi », a dénoncé le Président du Brésil. Ce dernier était en déplacement à São Paulo, pour visiter la ville de Araraquara, dévastée par des inondations, avant de rentrer en express dans la capitale.
Passive, la sécurité s’est faite déborder facilement, des observateurs parlant même de complicité avec les manifestants, avant de reprendre le contrôle après quelques heures, à coup de bombes lacrymogènes et de grenades assourdissantes. Ce laps de temps a néanmoins profité aux manifestants avant que les choses reviennent à la normale et que le Président Lula décrète une « intervention fédérale. » Plus de 300 personnes ont été arrêtées, selon les derniers chiffres.
Les bolsonaristes imitent les trumpistes
Ces débordements étaient redoutés depuis le résultat des élections par une grande partie de Brésiliens, qui craignaient une reconstitution du cas américain avec l’Assaut du Capitole, survenu il y a deux ans, le 6 janvier 2021. La scène semble se répéter en tous points.
Pour preuve, en s’asseyant sur le siège du président de la Chambre haute, un manifestant a justement fait le lien avec les événements du Capitole. Un mimétisme frappant. Ces bolsonaristes n’ont pas eu besoin d’un appel à la révolte de Jair Bolsonaro, retiré aux États-Unis depuis sa défaite, pour commettre cette tentative d’insurrection. L’ancien-président a d’ailleurs réagi sur son compte Twitter, dénonçant à demi-mesure, l’acte de ses partisans.
« Les manifestations pacifiques, sous la forme de la loi, font partie de la démocratie. Cependant, les pillages et les invasions de bâtiments publics tels qu’ils se sont produits aujourd’hui, ainsi que ceux pratiqués par la gauche en 2013 et 2017, enfreignent la règle« , a-t-il déclaré.
Une condamnation internationale à l’unanimité
La communauté internationale n’a pas tardé à réagir. Face à cette attaque, Joe Biden, en déplacement au Texas, a « condamné l’atteinte à la démocratie et au transfert pacifique du pouvoir au Brésil » alors que le camp républicain est pour l’heure resté muet face aux événements. Sans doute face à l’embarras d’il y a deux ans.
L’élue démocrate américaine Alexandria Ocasio-Cortez, qui a fait le lien avec les événements américains, a réclamé le départ de Jair Bolsonaro des États-Unis, lui qui se trouverait depuis la victoire de Lula en Floride. « Nous devons être solidaires avec le gouvernement démocratiquement élu« , a-t-elle plaidé sur Twitter.
« La volonté du peuple brésilien et les institutions démocratiques doivent être respectées », a quand à lui écrit le Président Emmanuel Macron, assurant le « soutien indéfectible de la France » à son homologue Lula.
En Italie, la première ministre d’extrême-droite, Giorgia Meloni, a estimé que ce qui s’était passé ne pouvait pas « nous laisser indifférents. » « Les images de l’irruption dans les sièges des institutions sont incompatibles avec toute forme de désaccord démocratique. »
Enfin, Chinois et Russes ont également exprimé leur soutien. Si la Chine « suit avec attention et s’oppose fermement à l’attaque violente contre les autorités fédérales au Brésil le 8 janvier », la Russie soutient « pleinement le président brésilien Lula da Silva« , a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.