L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM) a annoncé sa décision de sanctionner la chaîne C8 à hauteur de 3,5 millions d’euros dans un communiqué, ce jeudi 9 février. Cette sanction intervient au terme de la procédure qui a suivi l’émission « Touche pas à mon poste » diffusée le 10 novembre 2022.
3,5 millions d’euros, c’est ce que l’affaire Hanouna-Boyard va coûter à la chaîne C8. L’Arcom, le régulateur des médias en France, a annoncé ce jeudi 9 février dans un communiqué que ces sanctions financières allaient être prises à l’encontre de la chaîne du groupe Canal+ pour l’émission « Touche pas à mon poste » diffusée le 10 novembre dernier.
« L’Arcom a en effet estimé que ces propos ont porté atteinte aux droits de l’invité, au respect de son honneur et de sa réputation […]. Elle a également considéré que cette séquence traduisait une méconnaissance par l’éditeur de son obligation de maîtrise de son antenne […] », explique le communiqué.
Le jeudi 17 novembre, l’Arcom avait annoncé avoir transmis le dossier à un rapporteur indépendant du Conseil d’État chargé de décider d’éventuelles sanctions contre l’émission présentée par Cyril Hanouna.
Mise en demeure de la chaîne C8
Dans ce même communiqué, l’Arcom a annoncé la mise en demeure de la chaîne C8. « Elle a en effet considéré que l’invité avait été explicitement empêché d’exprimer en plateau un point de vue critique à l’égard d’un actionnaire du Groupe Canal +, auquel appartient le service de télévision C8 et que, par suite, l’émission n’avait pas été réalisée dans des conditions qui garantissent l‘indépendance de l’information », conclut le communiqué.
Cette mise en demeure pourrait, si elle n’est pas respectée, avoir des conséquences plus lourdes. Alors que la chaîne a déjà écopé d’une amende de 3 millions d’euros en 2017 pour un canular jugé homophobe lors de l’émission « TPMP Radio Baba », la sanction prononcée pourrait s’aggraver à l’avenir.
C’est en tout cas ce que laisse penser la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak dans un entretien accordé à France Inter ce jeudi 9 février. Questionnée sur une possible privation d’émettre pour les chaînes C8 et CNEWS, la ministre a rappelé qu’il y a eu « une vingtaine d’interventions de l’Arcom depuis 2019 ». « Je rappelle juste les obligations » que « les chaînes qui ont accès à des fréquences gratuites » doivent respecter, a-t-elle ajouté.
C8 et Cnews privées de fréquences ? "Il y a eu une vingtaine d'interventions de l'Arcom depuis 2019", note la ministre de la Culture.
"Je rappelle juste les obligations" à respecter pour "les chaînes qui ont accès à des fréquences gratuites", dit @RimaAbdulMalak.#le7930inter pic.twitter.com/aX3sIgFMGk
— France Inter (@franceinter) February 9, 2023
Rappel des faits
Pour rappel, l’invité de l’émission « Touche pas à mon poste » Louis Boyard, député LFI et ancien chroniqueur de l’émission, était venu débattre de l’accueil par la France des migrants du navire Ocean Viking. Il y avait ensuite associé les agissements du propriétaire de la chaîne Vincent Bolloré.
« Les cinq personnes les plus riches, ce sont les mêmes qui appauvrissent la France et l’Afrique. Et je vais vous donner l’exemple de Bolloré qui a déforesté le Cameroun », dénonçait-il en faisant référence aux activités de l’entreprise Socapalm qui produit de l’huile de palme au Cameroun et dont Vincent Bolloré est actionnaire.
Cyril Hanouna avait par la suite couvert d’opprobre son ancien chroniqueur en lui coupant la parole. « Tocard va », « Bouffon va », ou encore « ferme ta g***** », avait alors lancé le présentateur de l’émission.