Depuis l’agression du militant Yvan Colonna, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, plusieurs rassemblements violents sévissent en Corse. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin est attendu mercredi et jeudi.
Yvan Colonna : qui est-il ?
Yvan Colonna, est un éleveur corse né le 7 avril 1960 à Ajaccio. A l’âge de 15 ans sa famille s’installe à Nice après la mutation professionnelle de son père. Il abandonne les études à 21 ans et décide de retourner en Corse.
Dès son retour en Corse, Colonna se lance dans l’élevage de chèvres. Il rejoint le mouvement « Front de libération nationale corse » fondé en 1986 prônant l’indépendantisme corse.
En 1997, il sera poursuivi pour association de malfaiteurs suite à l’attaque d’une gendarmerie au Sud de la Corse. Lors de cette attaque, deux gendarmes ont été pris en otage et une arme a été dérobée.
Suite à cela, il sera accusé de meurtre sur la personne du préfet Erignac le 6 février 1998 à Ajaccio.
Rappel des faits
Le 6 février 1998, le préfet Claude Erignac est assassiné en recevant trois balles dans le dos. L’arme utilisée, se verra être l’arme dérobée quelques mois plus tôt lors de la prise d’otage de gendarmes en 1997.
Yvan Colonna aura été accusé par quatre nationalistes sur les six condamnés et par leurs épouses. De manière subséquente, il prendra la fuite et il ne sera retrouvé que quatre années plus tard dans le sud de la Corse en 2003. Le 13 décembre 2007, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par la Cour d’assises de Paris.
Il sera au final condamné trois fois à la réclusion criminelle à perpétuité par la Cour d’assises de Paris avec les autres nationalistes Alain Ferrandi, Pierre Alessandri, Joseph Versini, Marcel Istria, Martin Otaviani et Didier Maranelli.
Une agression envers sa personne le 2 mars 2022
Incarcéré en tant que DPS (détenu particulièrement signalé) Colonna est un détenu de la prison d’Arles. Lors de son temps libre, Yvan Colonna a été violemment agressé, victime d’une strangulation à mains nues puis d’un étouffement. Franck Elong Abe, le présumé auteur de l’agression ferait face à une condamnation pour tentative d’assassinat.
Le corps d’Yvan Colonna a été retrouvé inanimé, et il serait actuellement dans un état de mort cérébrale depuis le mercredi 2 mars.
Les réactions en Corse
Suite à son agression, la Corse recense plusieurs manifestations à Ajaccio, Bastia et Corte. Certaines violentes : la sous-préfecture a été ciblée par des cocktails molotov. Les forces de l’ordre ont elles aussi été prises pour cible par les manifestants, créant alors plusieurs affronts.
L’État français s’est vu accusé « d’avoir prêté intentionnellement la main à l’agression dont Yvan Colonna a été victime » et les soutiens d’Yvan Colonna dénoncent une négligence dans sa surveillance. Suite à ces déclarations, des jets de pierres, des bouteilles et autres projectiles ont été lancés sur les bâtiments représentant l’Etat et sur les CRS sur place. Ces derniers ont été obligés de répondre avec de nombreuses grenades lacrymogènes. Un nuage de fumée s’est créé dans la ville de Bastia rendant toute sortie délicate.
Les manifestants sont présents aux alentours de la préfecture de Haute-Corse : pic.twitter.com/dnEMvLxodn
— Corse-Matin 📰 (@Corse_Matin) March 10, 2022
Le week-end du 13 mars, la Corse a de nouveau connu des manifestations violentes, qui ont viré à « l’émeute » selon le procureur de la République. Au total, 67 personnes ont été blessées dont 44 parmi les forces de l’ordre. Plus de 650 cocktails molotov aurait été envoyés sur les forces de l’ordre, le 14 mars.
Au moins 650 cocktails Molotov jetés sur les forces de l’ordre hier en Corse ! (Info BFMTV)
— Olivier Truchot (@Olivier_Truchot) March 14, 2022
En France
Jean Castex, suite à ces nombreux affrontements, a levé le statut de détenu particulièrement signalé à Colonna, plongé dans le coma, et à deux autres détenus, le 11 mars. Cette décision ouvre la voie à un retour des deux détenus sur l’île.
“Les détenus corses doivent pouvoir purger leur peine près de leur famille. (…) Même si on n’est pas nationaliste, tout le monde considère ici que ce qui est arrivé à Yvan Colonna est une faute politique de l’État”, explique à France 24 le maire de Bisinchi, Pierre Olmeta.
Le premier ministre a condamné les agissent violents, mais a aussi condamné l’agression du 2 mars 2022.
Le premier ministre a affirmé que cette décision aurait pour but de calmer la série de manifestations que l’île connaît actuellement, mais aussi de montrer une réaction de l’État suite à cette agression très grave.